Le nouveau souffle d’Israël
Dr. Gérard Nissim Amzallag, 15.1.06
Israel est un pays qui s’essouffle. C’est là un secret pour personne. La société autrefois solidaire a laissé place à un opportunisme effréné. L’esprit d’entreprise qui entretenait la vitalité de l’économie a laissé émerger une oligarchie financière qui œuvre pour ses propres intérêts. Dans les rouages de l’État, le niveau de corruption ne cesse de monter, pour atteindre aujourd’hui des sommets inimaginables il y à peine dix ans. Cette évolution étant graduelle autant que lente, nul n’a senti le besoin, à un moment ou à un autre, de tirer le signal d’alarme. C’est la réalité elle-même qui s’en est chargé. La barbare expulsion des habitants de Gush Katif et du nord du Shomron était censée ouvrir une nouvelle ère, celle d’un Israël ‘pragmatique’, remplaçant l’idéologie sioniste par des intérêts froidement calculables. Le résultat ne s’est pas fait attendre : montée du Hamas, Jihad islamique et d’el Qaida en Israël, montée du Hezbollah iranien au Liban, et ruine du mythe d’un ‘Israël invincible’. Le temps des illusions est terminé, Israël se doit de trouver un second souffle.
1. Le danger de fond : absence de leader
Les israéliens sont aujourd’hui d’accord sur une chose : aucun homme politique n’a l’envergure d’un véritable leader. Les partis politiques ne cessent de recycler les anciens acteurs de la scène dans l’espoir de combler à cette carence. Cette situation n’est pas le propre d’Israël, mais elle est particulièrement dangereuse dans son cas, et ce pour deux raisons :
- L’absence de leader se traduit par l’absence de ligne politique clairement définie, ce qui invite les puissances étrangères à s’immiscer dans les affaires du pays, et à imposer leur ‘politique étrangère’, en général conçue pour se valoriser aux yeux des pays arabes.
- L’absence de charisme des leaders, l’intervention des puissances étrangères dans les affaires du pays, et la ressemblance croissante entre les programmes politiques des divers partis conduisent le peuple à se détacher des affaires politiques. En cela, le régime devient une démocratie d’apparat, derrière laquelle se cache la mainmise d’une minorité sur le pays, ses ressources et son devenir.
Le processus ne peut faire que s’amplifier : la nullité des dirigeants officiels se renforce par l’emprise de l’oligarchie sur le pays, et vice-versa. Cette perversion de la démocratie se mesure à l’aide d’un indice très simple : le niveau de corruption sans cesse croissant de l’appareil d’état, dans son ensemble. Phénomène révélateur, les scandales compromettant les plus hauts fonctionnaires et les dirigeants du pays éclatent les uns après les autres dans l’indifférence générale...
2. Pourquoi n’y a-t-il plus de Leader en Israël ?
S’il n’y a pas de leader en Israël, c’est avant tout parce qu’il n’y a pas de voie. Les partis politiques n’ont pas renouvelé leur idéologie depuis des décennies, ce qui les met en décalage profond avec la réalité.
Quinze ans après les accords d’Oslo, les partis de gauche continuent à tendre la main à leur ‘partenaire pour la paix’ alors que celui-ci revendique de plus en plus ouvertement la disparition d’Israël.
Quinze ans après les accords d’Oslo reconnus comme une catastrophe par les partis de droite, ceux-ci continuent, une fois au pouvoir, à en exécuter scrupuleusement toutes les étapes, de façon unilatérale, sans aucune exigence de réciprocité.
Comment, dans les conditions actuelles, un chef d’état peut-il penser autre chose qu’à renforcer son pouvoir sur le pays, tel un monarque du temps jadis ?
Pour se faire reconnaître comme leader, un homme politique se doit de proposer une solution viable aux problèmes qui tourmentent Israël, et non pas s’appuyer sur des mensonges et des illusions. Il doit susciter un nouveau sentiment de fraternité, d’optimisme et de communauté d’intérêt pour la plus grande majorité du peuple. Ainsi, se briseront les lobbys d’intérêt pour laisser place à une grande œuvre collective. Ainsi, Israël retrouvera un second souffle, et se débarrassera d’un seul coup de la gangue de corruption qui la ronge de l’intérieur, et de sa pitoyable servilité au regard des puissances étrangères.
3. Le creuset du nouveau souffle
La fin du conflit israélo-arabe est devenu pour les israéliens une véritable raison d’être, au point où le manque de solution se traduit par un ‘manque d’être’. C’est donc de là que se doit de provenir le nouveau souffle. Cette solution existe déjà, et ce depuis longtemps.
Avant Herzl, le sionisme fut défini par les amants de Sion non pas comme une idéologie de création d’un état-abri contre l’Antisémitisme, mais bien comme le mouvement de renaissance du peuple hébreu sur sa terre. C’est pour cela que les premiers sionistes ont décidé de faire revivre la langue et la culture hébraïque, et de renouer avec un prestigieux passé. Pour cela, ils ont invité les hébreux du monde entier à rejoindre leur mouvement. Le résultat ne s’est pas fait attendre : un immense souffle a fait renaître ce peuple sur sa terre, ou du moins une partie. L’autre a été oubliée. Et c’est avec elle que devrait naître ce second souffle.
Les arabes vivant en terre d’Israël, sont aujourd’hui considérés comme des ‘palestiniens’, et en cela étranger au sionisme. Or c’est là une erreur : ce sont pour la plupart d’entre eux des descendants du peuple d’Israël restés au pays après la ruine du second temple. Cette origine avait été pressentie depuis le début du 20e siècle : les populations ‘arabes’ du pays avaient conservé les noms des sites bibliques, ainsi que de nombreuses coutumes juives et samaritaines. Aujourd’hui, cette affiliation ne fait plus aucun doute, par la remarquable proximité génétique observée entre les ‘arabes palestiniens’ et les juifs venus du monde entier. De toute évidence, il n’est question ici que d’un seul et même peuple. Les ‘palestiniens’ sont en réalité pour la plupart d’entre eux des israélites qui, étant restés au pays, se sont vu obligés d’adopter la langue, la culture et même la religion de l’occupant arabe.
Il est fort possible que les problèmes dont souffre cette région du monde depuis un siècle proviennent de l’ignorance de cette donnée fondamentale, qui fait du conflit israélo-palestinien une guerre civile entre deux parties d’un même peuple qui s’ignorent.
Le second souffle du sionisme est donc simple à entrevoir : il s’agit d’un mouvement invitant les arabes ‘palestiniens’ à retrouver leur authentique identité, et à se défaire des signes d’aliénation que lui a imprimé l’occupant arabe, depuis l’invasion du pays. Cela impose de faire un choix : soit adopter un changement radical d’identité, soit devenir un ennemi du peuple hébreu aspirant à renouer avec ses racines, et accepter d’en subir les conséquences.
4. La perspective d’une solution
Cette proposition renverse complètement l’univers politique israélien : elle fait disparaître les clivages gauche/droite, en réconciliant l’aspiration au maintien des frontières historiques d’Israël (idéologie nationaliste, dite de droite), et l’aspiration à une égalité des droits et des devoirs en Israël (idéologie socialiste, dite de gauche).
Cette réalité sape d’un seul coup toute légitimité aux revendications ‘palestiniennes’, en ruinant complètement le mythe d’un peuple palestinien, créé uniquement pour enrayer la renaissance du peuple hébreu sur sa terre.
Tous les problèmes ne sont pas résolus pour autant, mais la situation a le mérite de se clarifier. Au-delà de l’impulsion d’un nouveau souffle parmi la majorité de la population, cette proposition devrait conduire à un nouveau clivage :
D’un côté, les tenants de l’ordre nouveau, c'est-à-dire tous les hommes en Israël authentiquement intéressés par la renaissance du peuple hébreu. Dans ce camp se trouvent également de par le monde tous les tenants de la liberté des peuples, de l’anticolonialisme et de l’anti-impérialisme, ainsi que tous ceux qui voient dans le réveil d’Israël l’aube d’une nouvelle ère de justice historique et la fin de l’ère des colonialismes en tout genres.
De l’autre les tenants de l’ordre ancien, c'est-à-dire les tenants de l’impérialisme arabo-islamique et leurs alliés néo-fascistes. Avec eux se retrouveront tous ceux qui prétendent refuser au peuple hébreu le droit d’exister, soit par haine ancestrale, soit par tentative de lui substituer un ‘peuple juif’ uniquement défini selon les critères de la religion rabbinique.
Il ne fait aucun doute que ce second souffle saura encore mieux délivrer le peuple de toutes ses contraintes que ne l’a fait, au début du 20e siècle, le premier souffle. Ainsi s’achèvera la renaissance du peuple sur sa terre. Alors pourra recommencer son histoire prestigieuse.